Bon j'ai la flème de faire une bio donc:
Né en 1954, Michael Gira grandit à Palos Verdes, dans la banlieue de Los Angeles. Au terme d’une adolescence chaotique et errante, qui l’entraîne de Paris à Jérusalem, en passant par l’ex-Yougoslavie et les prisons d’Amsterdam, il regagne la Californie. Il se mêle activement à l’avant-garde artistique avant de s’établir à New York, où il crée en 1981 le groupe Swans, qui devient rapidement, aux côtés de Sonic Youth, le fer de lance de la scène « noise » locale. Jusqu’en 1997, au fil d’un parcours discographique exemplaire – et notamment à partir de 1987 et l’album Children of God –, la musique des Swans évoluera d’un rock industriel et violent vers des horizons apaisés et intemporels, aux confins du folk, sans jamais perdre sa vocation expérimentale. Gira a fondé depuis le label Young God Records, sur lequel il publie, outre ses propres travaux, ceux de nombreux musiciens d’exception.
« Where does a body end ? » : « Où s’achève un corps ? », chantait Michael Gira en 1995 sur The Great Annihilator, étourdissante tornade sonore qui reste l’un des meilleurs albums de son groupe d’alors, les Swans. Le corps – et ses corollaires : le sexe, l’âme, la religion, la violence… – a toujours été l’un des thèmes de prédilection de ce musicien dont les morceaux s’acharnent, depuis plus de vingt ans, à mettre en lumière les recoins les plus obscurs de la psyché humaine et de la société aliénante dont elle est la proie. Son propre corps, Gira n’a cessé de le soumettre à de multiples traitements, par lesquels il s’agit moins de se donner en spectacle que de se laisser, d’une manière ou d’une autre, emporter par la musique, de s’abandonner à elle. Au début des années 1980, après une adolescence houleuse et une immersion totale dans la scène artistique underground de sa côte Ouest natale, il arrive à New York pour y fonder ce qui va devenir l’une des plus puissantes machines à explorer le son de l’époque : les Swans. Leurs concerts, incontrôlables, assourdissants, au cours desquels Gira se livre sur lui-même à tous les sévices possibles, sont à l’image de la musique du groupe : une rythmique « marteau-piqueur », des guitares violentes, des voix scandées jusqu’à l’étranglement – une musique dont certains titres donnent la mesure : Cop, Greed, Public Castration Is A Good Idea, Butcher, Raping A Slave… et qui a influencé plusieurs générations de musiciens, des Young Gods à Godspeed You! Black Emperor. A leurs débuts, les Swans partageaient leur local de répétition avec Sonic Youth, et c’est ensemble qu’ils ont effectué leur toute première tournée. Depuis, leurs chemins ont divergé, et les Swans ont chanté leur chant du cygne sans avoir jamais connu la fortune de leurs collègues.
Si le fait de durer reste problématique pour tout artiste, il se pose avec une acuité particulière dans le milieu du rock et des musiques populaires, a fortiori lorsqu’il s’agit d’un groupe, c’est-à-dire d’une réunion d’individualités, et que ce groupe est sujet au succès : les enjeux économiques et l’exposition médiatique qui en découlent (avec cette presse si encline à taxer un artiste d’opportuniste s’il évolue, et à lui reprocher de se répéter dans le cas contraire) et le culte grandissant d’une nouveauté érigée en norme artistique ont bien souvent eu raison des meilleures volontés, et rares sont les groupes qui ont su négocier le cap périlleux qui suit toute « jeunesse sonique ». Dans ce cadre, Michael Gira a su démontrer une étonnante propension à la longévité. A cette maturité artistique, on trouvera plusieurs explications. D’abord, les Swans ont toujours été un groupe à géométrie variable, gravitant autour du duo qu’il formait avec sa compagne Jarboe. De plus, il n’a jamais connu le succès (l’unique expérience des Swans sur une major company, avec l’album The Burning World, produit par Bill Laswell en 1989, a été un échec). Ensuite, les Swans ont toujours cherché à se renouveler. Enfin, Gira s’est toujours refusé à jouer le jeu d’une industrie musicale qu’il vomit. Ennemi du compromis, sourd aux appels au panurgisme esthétique, il s’est construit en marge du système, de la même manière que ses amis Jim Thirwell (Fœtus) ou Etant Donnés. La création de son label est venue asseoir une indépendance qui lui a permis de publier de nombreux disques (outre les rééditions « revues et corrigées » des principaux opus des Swans, citons les quatre albums de son projet Angels of Light), son livre The Consumer, et surtout les œuvres d’autres mavericks de la scène musicale, parmi lesquels Charlemagne Palestine, Ulan Bator, Windsor for the Derby, David Coulter, Devendra Banhart ou Akron/Family : paru ces jours-ci, l’album de ce groupe américain témoignant d’une éblouissante musicalité a tant enthousiasmé Gira que Akron/Family l’accompagne sur son nouveau disque et sa tournée européenne.
Lors de notre première rencontre, début 1997, Michael Gira, avec son gros cigare à la bouche et son chapeau surplombant un visage émacié, était apparu comme une sorte de croisement entre James Ellroy et Joseph Beuys, dégageant une impressionnante énergie. Comme le premier, il s’est fait le chroniqueur d’une Amérique des extrêmes, analysant dans ses textes le rapport passionnel qui le lie à ses origines : le point de départ de Angels of Light Sing “Other People”, son nouvel album, a d’ailleurs été une paire de morceaux inspirés par la contemplation à haute dose, fascinée et dégoûtée, des chaînes de télévision américaines et des deux visages qui s’y sont succédés en boucle ces dernières années, ceux de Michael Jackson (Michael’s White Hands) et Saddam Hussein (Destroyer). Et avec Beuys, le musicien pourrait partager une conception quasi chamanique de son art. Dans le cas de Michael Gira, la maturité prend bien la forme de la sagesse, une sagesse à la fois cathartique et déraisonnable.
Voilà, franchement achetz quelque albums c'ets vraiment bon, je vous conseil "filth" "cop" "children of god" "white light from the mouth of infinity" et "the great annihilator".