Catherine Blake (Aaron Stainthorpe / My Dying Bride - Traduit de l'anglais par Olivier H)
Un déséquilibre sensible s'était instauré et ses conséquences commençaient à irriter l'Ange Déchu, qui considérait le changement depuis le Trône d'âmes trépassées qui était sien. Son domaine tant aimé avait été envahi par les hommes, crasseux et arrogants. Si vils étaient les hommes que leur tourment était et véritable plaisir à observer. Leurs souffrances apportaient la joie aux serviteurs de l'Ange, qui avaient fait grandir leur art de torture, l'enroulant autour des siècles passant, jusqu'à un sommet de dépravation presque totale. Mais le déséquilibre devait être redressé.
L'Outre-Monde manquait d'âmes de pécheresses. Les femmes de cette espèce puante n'étaient tout simplement pas aussi maléfiques que les hommes, ce qui signifiait que l'Enfer était devenu instable. Si la parité n'était pas atteinte, le Seigneur de toute la Bonté et de la Lumière pourrait alors se déclarer vainqueur de la Guerre Ultime.
Un plan aussi abject que pernicieux était nécessaire pour empêcher cette simple égratignure de devenir une plaie insupportable. Le Grand Annihilateur convoqua les ordres démoniaques afin qu'on formulât un projet qui rétablirait le grand équilibre de l'Outre-Monde.
La meilleure idée vint de la gueule au million de dents de Die-Erorian, l'Arrogant Torsionnaire de la Chair et Corrupteur des Souhaits, un incube de grande laideur et prétendant au Trône de Luxure des basses régions du Moyen-Enfer.
Son plan changerait l'humanité pour toujours.
Catherine Blake, au coeur d'une nuit d'été, dormait d'un sommeil agité, à peine couverte d'un drap de satin. Son amant, bavant et ronflant, dormait profondément à son côté, oublieux de son existence suante, son corps complètement découvert de l'étoffe légère.
Elle murmurait doucement et se carressait tendrement, de ci, de là. Elle gémit tout bas et soupira d'une passion inconsciente, dont aucun n'avait connaissance. Ses yeux avides roulaient sous ses paupières, et ses doigts délicats s'agrippaient au lit, de plus en plus humide. Un frisson subtil fit naître une vague d'électricité qui se propagea sur sa peau, le long de son dos, jusqu'au bout de ses orteils vernis. Catherine sourit, inspira profondément l'air estival, et sombra dans un sommeil et un bien-être sans pareil.
La visite de Die-Erorian était un succès, elle lui apporta une satisfaction excitante. Pas seulement dans cette maison sombre, des marches les plus sombres de la plus sombre Angleterre, mais partout dans le monde des Femmes. La Terre entière était emplie des nuits de gémissements féminins, de cris d'extase et de pleurs de passions, de larmes de satisfaction et d'émerveillement.
Aux nuits effrénées succédaient des nuits de hoquets étranglés, alors que le Seigneur Démon préparait l'attaque ultime contre les Cieux et toute leur gloire.
La vilénie étouffa l'esprit de chaque femme pour le remplacer par leur fantasmes les plus fous de perfection masculine. Il rendait visite à l'ensemble du genre féminin, les séduisait dans leur sommeil, occultant la réalité hideuse de leurs rencontres nocturnes.
La graine de la désolation était plantée. Les femmes étaient des fantômes, violées dans leurs rêves, mais acceptaient cette luxure dans un abandon total, se laissant envahir par cette sexualité absolue ; un sentiment qu'aucun homme mortel ne pouvait espérer reproduire.
La honte grandissant, beaucoup d'entre elles étaient tourmentées et emplies de doutes. Les plus désespérées mirent fin à leurs jours dans un unique cri d'insurmontable honte, honte d'avoir laissé des pensées démoniaques se glisser dans leurs esprits délicats. Quelques unes tuèrent leur mari, sachant que les rêves pouvaient être bien plus excitants, mais se condamnant alors à une vie d'enfermement. Mais la plupart d'entre elles, puisque la sombre semence était répandue, ignorèrent complètement les hommes, refusant tout contact, se contentant de savoir que quelques heures seulement les séparaient de la nuit.
La maternité fut détruite, tout instinct de reproduction fut abandonné. Un gouffre se créa entre hommes et femmes, et bientôt, la vanité masculine, soutenue par l'impétueux désir d'une progéniture, poussa les lames de l'esprit des hommes à plonger dans les chairs fragiles des femmes. Une violence inouïe s'en suivit.
Le viol généralisé, impuni. Les prisons de rapt, de fécondation forcée, furent reconnues légalement. Les maltraitances se furent monstrueuses, écoeurantes.
"Seigneur, cette souffrance n'a pas d'égal", cria un Ange Vengeur, dans les Cieux blancs. "Pourquoi ne faisons-nous rien? Nous devons anéantir cette vile semence, punir toute l'humanité pour tant de vulgarité et de barbarie!"
Et le Seigneur Dieu resta silencieux, mais attentif. Pas un mot, pas un geste, pas une larme. Le Roi des Rois. Le Prodigue de la Vie et notre Créateur à tous s'assit et regarda l'Enfer qui s'était installé sur sa Terre.
Une armée des Cieux, si grande qu'elle comprenait tous les êtres qui existèrent jamais, hommes, femmes, serpents, poissons, oiseaux, tous équipés des Saintes Armes Expiatrices, prête à combattre l'impie, n'attendait qu'un mot de Dieu pour s'élancer. Mais Il resta muet, malgré les pleurs des milliards de ses vengeurs.
Un océan de sang se répandait, les femmes erradiquant toute trace d'enfantement des débris de leur matrice par des avortements et des suicides vengeurs. Ce n'était pas une haine pour les enfants à naître, mais envers le mal qui les avait implantés. La terre se couvrit de rouge sous l'action des machines tranchantes des hommes, leurs angoisses et leur dégoût et leur haine des femmes ayant explosé au delà de ce que l'on eût cru imaginable, dans un massacre d'une sorte qui ébranla même l'Outre-Monde. La sauvagerie et les carnages envers les femmes se répandirent bientôt aux hommes eux-mêmes, alors que le nombre de leurs partenaires décroissait encore et encore. Et rapidement, l'enfer se déchaîna sur le monde, et une guerre de survie s'en suivit, les hommes combattant les hommes avec une violence jusqu'alors inconnue. Tout était tué, ou tuait. Hommes, femmes, enfants, les animaux aussi, tous devinrent les victimes de cette incroyable effusion de sang. Une soif de sang si brutale et sauvage que même le Grand Duc des Ténèbres Eternelles fut alarmé par la férocité qu'il avait fait naître.
Et notre Seigneur Dieu restait assis en silence. Le choeur d'agonie des grands vengeurs devint tel que le ciel entier résonna d'un tonnerre de pleurs. Et les larmes des anges s'abattirent en une pluie colossale.
La Créature des Péchés et Seigneur du Pâle Adobe* se questionna sur le silence du Tout-Puissant. Comment le Créateur de la Vie pouvait-il se soucier si peu de tout ce qui était Sien?
Alors, le Grand Sadique fut frappé. Au delà de la dévastation de toute chose vivante et la cruelle mise à mort de la féminité, le Seigneur des Mouches s'étrangla de sa propre et amère ignorance. Le Mal qui avait été lâché sur le monde ne pouvait se finir que d'une unique façon. L'Enfer tout entier fut empli par les âmes des hommes, hurlant et couverts de sang. Un tel nombre de ces âmes descendirent dans les Fosses de l'Eternel Jugement que les temples des horreurs de l'Enfer furent engloutis par le poids de péchés insondables.
Et, avec une ponctualité encore plus précise que le scénario le plus répété, le Grand Dieu d'Amour et de Vie pardonna à toutes les femmes pour leurs péchés inconsidérés, faisant lâcher toute prise du mal sur elles, et écrasant l'Outre-Monde sous une avalanche masculine.
Le déséquilibre était trop important dans le Puits des Flammes, même pour les hordes démoniaques, et un tel chaos en résulta que la Terre elle-même en fut presque déchirée. Les impétueux torrents de Mal obligèrent le Roi Satanique à abandonner à la ruine son vaste domaine de souffrance, et à se cacher dans les plus sombres régions de la terre pendant de nombreuses année, dans l'espoir que le Seigneur oublierait et pardonnerait à ses Anges déchus pour leurs actes méprisables.
Mais Dieu était de nouveau silencieux. Observant son sombre enfant qui se terrait dans les sombres recoins du monde, il savait que sous peu, il reviendrait à l'éternel équilibre. Et le Coeur de Dieu observait sa créature chérie se glisser dans les ténèbres, qui continuait de lutter contre la poigne sans relâche de son Père.
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* L'adobe est une brique de terre crue, faite d'argile et parfois de paille, utilisée depuis des millénaires. Le rapport avec les Enfers n'est pas évident. (NDT)
Ven 25 Mai - 14:00
) de dire que j'ai le niveau nécessaire pour ne pas avoir fait de traduction littérale là où ça pourrait porter à confusion.