Voilà Christliar. Aussitôt dit, presque aussitôt fait (bon ce sera peut-être pas toujours comme ça !). Ceci vous éclairera, enfin je l’espère.
Evoken est revenu cet hiver, après seulement deux ans d’absence, (ce n’est pas une habitude pour le groupe) avec un nouvel album « A Caress Of The Void » et après trois œuvres monumentales déjà au compteur : Embrace The Emptiness, Quietus et Antithesis Of Light. S’agit-il d’un retour aux sources ou de la fin d’un cycle comme le laisse penser le titre, qui fait référence au premier opus datant de 10 ans déjà ? (« Une caresse du vide » me semble en tout cas un titre très similaire à « Etreindre le vide ».)
La pochette, tout d’abord ; un artwork digne du groupe avec le logo habituel et ses caractères intemporels et pastoraux. Une sorte de portail en fer forgé se dresse au milieu d’une noirceur suffocante pour nous transporter dans un gouffre abyssal, pour nous parachuter dans un vide intersidéral de solitude et de désespoir… Les deux mains (droites, c’est à signaler) vont-elles nous guider et nous empêcher de nous perdre ou vont-elles nous attirer davantage avec leurs sphères métalliques à infusions ? Cachent-elles des ciseaux ??? Oh, mon Dieu ! Bon, tout cela suffit à me faire succomber au désir d’écouter le disque ; un condensé ténébreux d’un peu plus d’une heure, d’une intensité rare et précieuse…
Les premières notes sont inquiétantes ; elles font office d’introduction à la chanson qui a donné son nom à l’album. Un riff au summum de la distorsion nous propulse directement en terrain connu et la voix death du chanteur débarque dès lors, diabolique, terrifiante… Le tout reste lent et pesant (la rapidité d’enregistrement de l’album n’a pas interféré sur le style)… Retournons-nous dans les tréfonds assombris d’Antithesis Of Light, là où aucune lumière ne perçait et ne troublait les armées de crânes qui recouvraient la terre ? Une mélodie assainie s’installe, le chant tend à devenir un chuchotement clair… Mais ce n’était qu’une embellie entre deux tourmentes. Un hurlement soudain, déchiré et guttural nous tire de notre torpeur bienfaisante… Les riffs assassins reprennent le dessus en une fin mêlant voix death comminatoires et murmures tutélaires.
Le deuxième titre, « Mare Erythraeum » est entièrement musical, ce qui n’est pas très habituel dans la discographie du groupe. Mélodie envoûtante, incurablement apathique, presque progressive (il faut attendre presque 50 secondes pour que la seconde guitare ne vienne compléter la première en une harmonie à donner des frissons !) Après 2 min et 40 sec, place à une distorsion plus violente. Mais où va nous mener cette chanson ? Vers un solo de guitare majestueux, qui conserve sa lenteur doom mais qui nous conduit quand même au-delà… Le titre s’achève sur des claviers lénifiants… Somptueux, il n’y a pas d’autre mot possible.
« Of Purest Absolution » Le son monte progressivement. Après 10 sec, un riff écrasant nous fait déjà oublier la grandeur éclatante qui a précédé. Chacun se doit de se secouer ses grands cheveux, (s’il en a !) le moment est venu. Voix death glaçante… Qui se transforme en un murmure seulement à la fin, cette fois-ci. A noter une batterie imposante sur ce titre là encore splendide.
« Astray In Eternal Night » constitue probablement mon titre préféré de cet album ; il « égare en dehors du droit de chemin ». La voix claire est prépondérante, torturée… De manière discrète, des glas funèbres font surface. Changements adéquats, mélodies dark… Si la perfection existait, ce serait dans cette chanson…
Pour le cinquième titre, Evoken nous offre un démarrage similaire à ceux de My Dying Bride sur « The Crown Of Sympathy » ou « The Blood The Wine & The Roses »… Sauf, que c’est une voix death nettement moins lyrique et chaleureuse qui nous accueille bien aimablement. Mais la chanson n’est pas pour autant d’une noirceur malsaine et récurrente. Ici encore, voix death et clair se passent le relais en une valse funéraire grandiloquente. Une chanson très réussie également.
« Suffer A Martyr’s Trial » débute calmement par une mélodie de guitare envoûtante. La seconde guitare reste en retrait, dans une autre dimension, comme une sorte d’écho approximatif et modifié, moins glauque. Après 2 min 40 sec, un riff assassin démarre, mais toujours dans un souci mélodique quasi symphonique, la seconde guitare et les claviers discrets demeurent… A noter que ce titre est le plus long de l’album : presque un quart d’heure.
L’album se conclut par « Orogeny » une sorte de court rappel death et funeste (seulement 6 min). Cette chanson est celle qui m’a le moins marqué. Rien à dire si ce n’est que c’est toujours aussi bien exécuté.
Bref, « A Caress of The Void » est une excellente suite, dans la lignée de ses prédécesseurs, mais manque peut-être d’un brin d’innovation…
N’hésitez pas à l’acheter, il vaut le détour.
http://www.myspace.com/evoken
avec "Mare Erythraeum" et "Orogeny" en écoute.